Le portage à domicile est une prestation de livraison de courses, de produits nécessaires aux besoins d’un bénéficiaire ou de repas. Elle fait partie des services à la personne, ce qui permet aux bénéficiaires de bénéficier (sous certaines conditions) d’une réduction d’impôt sur la prestation de portage (sur la livraison, mais pas sur le repas, les courses et autres produits livrés).
Pourquoi le portage à domicile rencontre le succès ?
L’espérance de vie s’améliorant depuis les années 70, l’accroissement du besoin d’apporter à domicile des produits essentiels à une population qui souhaite vivre et vieillir chez elle est devenu un véritable enjeu sociétal. En effet, au même titre que les autres services d’aide à domicile, le portage est le facteur indispensable pour permettre à cette population de réaliser ce souhait.
Et l’avenir de ce service est plus que prometteur. Selon les prévisions en 2011 du rapport du groupe de travail Dépendance, la France comptera en 2060 plus de 73 millions d’habitants (environ + 11 millions qu’aujourd’hui) et la part des seniors va augmenter jusqu’à 35% vers 2035, pour ensuite progresser plus modérément. Parmi ces derniers, les plus de 75 ans représenteront en 2060 environ 16% de la population ! Ainsi, toujours selon le rapport Dépendance de 2011, dans son scénario intermédiaire, le nombre de personnes dépendantes doublera d’ici 2060.
Par ailleurs, on observe que l’isolement des personnes âgées accroît avec l’âge (2 % avant 40 ans, 9 % avant 60 ans et 15 % au-delà) et que 57% des personnes de plus de 70 ans vivent seules. Concrètement, si on considère le retour de certaines œuvres caritatives, 16% des plus de 60 ans déclarent avoir moins de 2 ou 3 relations personnelles (toutes relations confondues : familial, amical, professionnel, associatif, voisinage, etc.) par an. C’est encore plus prégnant chez les plus de 75 ans présentant un handicap invalidant.
Quelles réponses sociétales apporte le portage à domicile ?
Comme nous venons de l’aborder, le portage à domicile permet déjà de répondre en partie à la problématique de l’isolement. En effet, ce service quasi-quotidien est un rendez-vous dans la journée des bénéficiaires et donc l’occasion d’échanges, ne serait-ce que pratiques (préciser les modifications de régime, les jours d’absence ou des modifications dans la prestation).
Par ailleurs, il répond aussi à une autre préoccupation : celle de la dénutrition de la population âgée. Même si le pourcentage de cas des personnes vivant à domicile (4 à 10%) est moins élevé que pour celles vivant en institution (15 à 38%) ou étant hospitalisée (30 à 70%), ce facteur est tout de même source de morbidité et favorise la survenue de pathologies liées au vieillissement qui accentuent la perte d’autonomie. Ainsi, le portage de repas à domicile particulièrement et le portage de courses permettent d’apporter une solution, même si cela ne peut être complétement effectif si la personne est particulièrement touchée par les modifications physiologiques liées à l’âge (diminution du goût, de l’odorat, de l’appétit, de la sensation de soif, digestion ralentie, altération de la denture et sécrétion salivaire diminuée, etc. Mais, le porteur de repas doit aussi être un vecteur dans la campagne de sensibilisation contre la dénutrition et apporter auprès du bénéficiaire comme des tiers autour de lui (famille et soignants, entre autres, afin de respecter les habitudes horaires, s’assurer que le repas est pris, aider à la prise de repas, etc.) la bonne parole. Quant au fournisseur de repas, il lui revient de proposer une alimentation variée et équilibrée favorisant le plaisir de manger.
Pourquoi les familles et les bénéficiaires font appel au portage à domicile ?
Selon plusieurs sources, majoritairement, les usagers des services de portage ont recours à cette prestation parce qu’ils sont dans l’incapacité de faire leurs courses et/ou de préparer eux-mêmes leurs repas. Cela est dû à l’incapacité de cuisiner son repas dans plus de 50% des cas et de se rendre dans des commerces du fait de l’éloignement de ceux-ci dans un peu moins de 50% des cas.
Source : INSEE – Projections de population à l’horizon 2060 (Catégorie statistiques), consulté le 5/05/2022
Cependant, environ 20% des personnes interrogées avouent que ces prestations de services sont davantage des recours de confort plutôt que des recours palliant une incapacité.
Globalement, les bénéficiaires et les familles sont satisfaites de ces prestations. Ce d’autant plus que, étant peu soumis à la concurrence (particulièrement en milieu rural et semi-rural), le rapport qualité /prix (entre 4 et 11 € selon le lieu géographique) est très correct. Le repas lui-même, la livraison et les prises en compte des spécificités et des demandes remportent donc généralement une satisfaction significative. On note en outre que la variété des menus plus que les quantités est un facteur important dans cette satisfaction globale du service.
Cependant, concernant la prestation de livraison elle-même, les personnes interrogées considèrent que la relation humaine n’est pas assez développée parce que le temps consacré à la livraison n’est pas suffisant (moins de trois minutes généralement). De ce fait, les porteurs ont peu de temps pour discuter, conseiller ou même renseigner sur le service, le repas, etc.
En conclusion, le portage à domicile est promis à un bel avenir. Mais, cette prestation ne peut pas être considérée pour sa réussite économique comme sociale comme une simple livraison de repas ou de courses. Elle s’inscrit dans les tendances générales du « moins vite », du « bien-vieillir » et du « porteur de sens » qui sont aussi des caractéristiques profondément nécessaires à tout service d’aide à domicile. Le monde rural a sûrement beaucoup à apporter dans la considération de cette qualité réelle (humaine et non-comptable) de ces prestations… si je prends comme exemple notre boulangère qui peut prendre 15 à 30 minutes pour papoter avec ses clients lors de ses tournées quotidiennes et l’épicier de mon petit village qui portent secours pour des menus travaux à presque chacune de ses livraisons…
